Agit l'aspirine ?
On pense tout de suite à elle en cas de migraine, mais l'aspirine
est aussi utilisée en prévention des attaques cardiaques, du diabète et
du cancer. D'où viennent ses multiples propriétés ?
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L'aspirine a plus de 100 ans : c'est en 1899 que le laboratoire
Bayer l'a lancée sur le marché. Mais déjà 400 ans avant JC, les grecs en
utilisaient sans le savoir : ils réalisaient des décoctions de feuille
de saule, réputées pour leurs vertus contre la fièvre et les douleurs.
Or le principal ingrédient de l'aspirine est l'acide acétyl-salicylique,
que l'on trouve à l'état naturel dans certaines plantes, notamment
l'écorce de saule. Aujourd'hui, l'aspirine est synthétisée chimiquement à
partir de phénol C6H5OH.
L'aspirine est le medicament le
plus consommé au monde : 35 000 tonnes sont produites chaque année, soit
100 milliards de comprimés. Elle est aussi intégrée à de nombreuses
autres préparations : plus de 230 médicaments vendus en France
contiennent de l'aspirine.
Les cibles de l'aspirine
L'aspirine est absorbée par la muqueuse gastrique ou par la paroi
intestinale (c'est pourquoi les formes effervescentes agissent plus
rapidement). Elle agit avant tout sur les COX (Cyclo-oxygénases ) 1 et
2, qui sont des enzymes constitutives de l'organisme. Elles servent à la
synthèse de différentes substances, dont la prostaglandine (ainsi
dénommée car on pensait d'abord qu'elle était secrétée par la prostate).
Action anti-inflammatoire et analgésique
Face à une agression (virus, brûlure, traumatisme…), l'organisme
secrète de la prostaglandine. Cette substance augmente la mobilité des
cellules chargées de nous protéger (les globules blancs - anticorps -
par exemple). Mais elle abaisse le seuil de stimulation des récepteurs
de la douleur et provoque des rougeurs ou la fièvre. En inhibant
l'action des COX, l'aspirine réduit la production de prostaglandine.
En cas de douleurs chroniques (rhumatismes par exemple), on
prescrit une forme entérique de l'aspirine, c'est-à-dire que le comprimé
est enrobé dans une substance résistant à l'acidité gastrique.
L'aspirine est donc libérée progressivement, ce qui augmente sa durée
d'action.
Action anti-coagulante
Les cellules
endothéliales (qui recouvrent l'intérieur des vaisseaux sanguins) et des
plaquettes sanguines sont riches en COX1. Mais cette dernière aboutit à
la formation de deux enzymes différentes selon les cellules. Alors que
les cellules endothéliales fabriquent de la prostacycline, à l'action
anti-agrégante et vasodilatatrice, celles des plaquettes sanguines
secrètent au contraire de la thromboxane, au pouvoir agrégant et
vasoconstricteur. C'est l'équilibre entre ces deux enzymes qui assure la
fluidité du sang.
Lors de la prise d'aspirine, les COX
sont inhibées de façon irréversible. Mais dans les cellules
endothéliales, les enzymes se renouvellent en permanence et l'aspirine
est diluée progressivement. En revanche, la synthèse de thromboxane est
durablement affectée, ce qui provoque l'effet anticoagulant de
l'aspirine. Mais attention : à fortes doses, même la prostacycline
n'arrive plus à être produite, et l'effet s'annule.
En
1998, des chercheurs japonais ont trouvé un mécanisme d'action
supplémentaire de l'acide acétyl-salicylique, qui inhiberait aussi
l'expression des gènes impliqués dans la réponse inflammatoire.
Les effets secondaires
L'effet anticoagulant de l'aspirine prolonge le temps de
saignement. Elle est donc formellement déconseillée aux hémophiles, par
exemple. Elle attaque aussi la muqueuse intestinale, et peut provoquer
des ulcérations et saignements, allant jusqu'à la perforation du tube
digestif. Enfin, environ 3% des gens sont allergiques à l'acide
acétylsalicylique.
En accompagnement...
Vous
n'avalez jamais de l'aspirine pure ! On ajoute des excipients divers
(palmitostérate de glycérol , bicarbonate de sodium, amidon…) pour
améliorer son goût, sa solubilité, ou pour amalgamer la substance.
L'aspirine est aussi souvent vitaminée, on ajoute alors de l'acide
ascorbique (vitamine C).
Des applications à l'infini
Aujourd'hui encore on découvre chaque jour de nouvelles propriétés à
l'aspirine : elle réduirait les risques de cancer du colon, diminuerait
la croissance des tumeurs cancéreuses. Aux deux âges extrêmes de la vie,
l'aspirine joue un rôle protecteur. En empêchant les caillots sanguins,
l'aspirine prévient les retards de croissance du fœtus, souvent dus à
une obstruction partielle des vaisseaux alimentant le placenta. De même,
certaines formes de démences séniles dues à des artères bouchées
peuvent être évitées en prenant régulièrement de l'aspirine.
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