a. Généralités
Les enzymes de restriction sont de véritable
« outils » utilisés au laboratoire pour couper le DNA. La coupure se
fait en un site particulier, reconnu par l’enzyme. Il existe une centaine
d’enzymes de restriction. Chacun reconnait une séquence de nucléotides
différente, qui lui est spécifique.
b. Séquences d’ADN reconnues par les enzymes de
restriction (Sites de restriction)

Il existe des palindromes de toutes
longueurs (plus court, ou beaucoup plus longs), mais les palindromes reconnus
par les enzymes de restrictions sont généralement constitués de séquences contenant 4 ou 6 pdb (paires de bases).
c. Origine des
enzymes de restriction
Les enzymes de restriction sont
extraites de micro-organismes, le plus souvent des bactéries. En effet, Les
bactéries peuvent être parasitées par des virus à ADN. Pour se défendre, les
bactéries synthétisent des enzymes de restriction qui couperont le DNA de ce
virus (ils sont capables de cliver les ADN étrangers). Pour éviter une
auto-destruction de leur propre ADN, elles se protègent contre leurs propres
enzymes de restriction par une modification des sites de restriction
correspondants (voir paragraphe g).
d. Nomenclature des enzymes de restriction
Les enzymes de restriction présentent
une nomenclature bien précise. On donne aux enzymes de restriction des noms à 3
(ou 4) lettres qui rappellent l’origine de micro-organisme d’où ils sont été
isolés. La première lettre (en majuscule) est la 1er lettre du nom
du genre ; la 2ème et la 3ème (en minuscules) sont
les deux premières du nom d’espèce ; parfois il existe une 4ème
lettre (Exp. : Hind) elle indique alors la souche bactérienne d’où extrait
l’enzyme. Le chiffre romain concerne l’ordre de caractérisation des enzymes,
lorsque plusieurs enzymes ont été isolés à partir d’une même souche
bactérienne. La lettre R, lorsqu’elle est mentionnée, indique qu’il s’agit d’une
endonucléase (par opposition à M qui désigne une méthylase). Par exemple à
titre indicatif :
Eco RI : extraite d’Escherichia coli souche R, 1ère
enzyme isolée de cette souche.
site reconnu: G / AATTC
Sma I extraite de Serratia marcescens site
reconnu: CCC / GGG
Pst I extraite de Providencia stuartii site
reconnu: CTGCA / G
e. Types de coupures réalisées par les enzymes de
restriction
Les enzymes de restriction peuvent
donner deux types de coupures: la coupure à bouts francs et la coupure à bouts
collants (Fig. 1)


EcoRI PstI SmaI
Figure 1 : coupure des séquences de DNA par des enzymes de
restriction avec formation de bouts collants ou de bouts francs
Une
enzyme de restriction est donc capable de repérer sur toute la longueur d’un
DNA certaines séquences caractéristiques. Reprenons l’exemple de l’enzyme
(EcoRI) qui reconnait la séquence :

Si cette séquence se trouve 5 fois
dans une molécule de DNA, l’enzyme coupera ce DNA en ces 5 endroits. Le DNA
donnera donc 5 fragment s’il s’agit d’un DNA circulaire (ou 6 dans le cas d’un
DNA linéaire). Bien évidement, un autre enzyme de restriction reconnaîtra une
autre séquence différente de celle reconnue par EcoRI. Selon l’enzyme utilisé,
un même DNA sera coupé différemment.
f. Remarque sur les
enzymes de restriction de type I et III
Au laboratoire, on utilise des
enzymes de restriction qui reconnaissent spécifiquement un palindrome, ce sont
les enzymes dites de type II. Toutefois, il ne faut pas en déduire que tous les
enzymes de restriction connus agissent systématiquement au niveau d’un
palindrome. Certain souche de bactéries possèdent d’autres types d’enzymes de
restriction.
Les enzymes de type I reconnaissent des séquences
particulières mais qui ne possèdent cependant aucune symétrie, par exemple la
séquence :
T G A . . .
. . . . . T G C T
(Où chacun des 8
points représentent n’importe laquelle des 4 bases).
Ces enzymes coupent le DNA non pas au
niveau de la séquence qu’ils ont reconnue, mais en un endroit qui peut être
situé à environ 1000 pdb de ce site et qui sera variable d’une molécule à
l’autre.
Les enzymes de type III reconnaissent
une séquence et coupent une vingtaine de nucléotides plus loin.
D’autre part, alors que les systèmes
de type II comprennent 2 enzymes (restriction, modification), ceux de type I et
III ne comprennent qu’un même enzyme qui possèdent les 2 activités (ces enzymes
ont plusieurs sous-unités).
N.B : Seules les enzymes de type
II qui coupent au niveau du site de reconnaissance sont utilisés en génie
génétique parce qu’on peut contrôler parfaitement le site de coupure et donc
les extrémités engendrées
g. Les enzymes de modification
Les enzymes de modification sont des
enzymes que possèdent les bactéries pour se protéger contre une autodestruction.
En effet les bactéries utilisent leurs enzymes de restriction pour couper le
DNA d’un virus voulant les parasiter. Etant donné que les bactéries contiennent
également du DNA, il ne faut pas que l’enzyme de restriction qu’elles s
synthétisent pour lutter contre un virus coupe également leur propre DNA. Toute
bactérie non (suicidaire !) doit
donc « modifier » ses palindromes afin qu’ils ne soient pas reconnus
par ses propres enzymes de restriction. La modification effectuer est un simple
méthylation, grâce à des enzymes dits « méthylase de modification »
ou encore « enzyme de méthylation ». Ces méthylase méthylent la
cytosine (sur le carbone en 5), ou l’adénine (sur l’azote en 6). Elles sont très
spécifiques puisque la méthylation porte uniquement sur les cytosines et
adénines appartenant à des sites de restriction. Elle différent en cela
d’autres méthylases bactériennes susceptible de méthyler indifféremment
cytosine et adénine en dehors des sites de restriction.
Du fait que le site de restriction
est palindromique, la base à méthyler se retrouve sur les 2 brins. Que le site
soit pleinement méthylé (c’est-à-dire
sur les 2 brins) ou hémi-méthylé (c’est-à-dire sur un seul brin), il ne sera
pas couper par l’enzyme de restriction. Ainsi, pendant la courte période qui
suit la synthèse d’une chaine de DNA, le DNA double brin, constitué du DNA
nouvellement synthétisé (qui n’a pas encore été méthylé), et du brin parental
(méthylé), sera protégé de la coupure par un enzyme de restriction.
En résumé, un site hémi-méthylé, une
méthylase peut agir (pour méthyler le 2ème brin), mais non une
enzyme de restriction (pour couper la molécule de DNA).

Figure 2 : la méthylation inactive l’enzyme de
restriction
h. Notion
d’isoschizomères
Des enzymes de restriction
différentes peuvent reconnaître des mêmes sites spécifiques, on les appelle
isoschizomères. Les isoschizomères fournissent souvent après clivage
enzymatique des fragments dont les extrémités sont différentes.
Exemple : soit la séquence suivante: G-G-T-A-C-C, cette séquence est coupée
par l’enzyme Kpn I et l’enzyme Acc65 I:

i. Notion d’enzymes
compatibles
Deux enzymes de restriction sont dites compatibles quand
elles génèrent après digestion des fractions aux extrémités cohésives
complémentaires. Ces fragments peuvent être facilement ligaturés.
Exemple: Les enzymes Bam HI (G/G-A-T-C-C)
et Mbo I (A/G-A-T-C-A):
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